Montréal, 2008

Art furtif /Commémoration/gisants/Novembre 2008
Ces gisants de la rue…
Lors d’une visite au centre ville de Montréal, en février 2006, la vue d’un itinérant couché sur le parvis d’une Église
à moins 20 degrés Celsius a hanté mes pensées pendant plusieurs jours. Je venais de prendre conscience que les gisants
se trouvaient non seulement dans les cimetières mais sur les trottoirs de nos villes, à deux pas de notre indifférence.
Suite à cette rencontre fortuite sur le perron de l’Église, j’entrepris de communiquer avec la morgue de Montréal pour en savoir
plus sur le nombre de corps non réclamés chaque année et sur leurs procédures d’inhumation.
De la rue à la morgue, de la morgue à la terre près de cinquante morts non réclamés par année depuis 1986 peuplent la morgue
de Montréal et de Québec. Qu’advient-il de ces morts oubliés, non réclamés? Qui sont ces êtres que l’on enterre sous le nom d’un
numéro de dossier? Comment se fait-il malgré tous les moyens de communication disponibles qu’il existe encore des êtres humains
qui meurent sans que leur corps ne soit réclamé et mis en terre dignement par des proches?
Il n’est pas besoin d’être religieux pour manifester un quelconque rituel funéraire à la mort d’un être humain.
Mais aujourd’hui, les rituels funéraires sont escamotés et nos proches décédés sont expédiés en poussière en moins de deux
et notre chagrin balayé sous le tapis comme de simples banalités quotidiennes. Que dire alors de l’attention que l’on porte à des
inconnus de la rue?
Un simple geste en leur mémoire. J'ai donc déposé, au centre-ville de Montréal, 50 petites boîtes-message contenant le texte précédent
et une pierre sculptée d'un visage générique.