Onde de choc installation au Québec et en Finlande
Dans le cadre de la semaine nationale de la prévention du suicide, Praxis Art Actuel présentait la suite du travail de Suzanne FerlandL intitulé Onde de choc réalisé en Finlande avec le soutien d’une bourse de résidence de création du Conseil des arts et des lettres du Québec. Elle a présenté les résultats de son laboratoire du Bloc 9 effectué durant l'été 2015 chez Praxis art actuel en collaboration avec le centre de prévention du suicide Le Faubourg, organisme régional des Laurentides. FerlandL a créé une installation composée de divers éléments (dessins, sculptures, photos, livres) permettant de partager ses réflexions sur cette problématique en s’attardant plus particulièrement aux endeuillés du suicide.
En 2016-2017, FerlandL a poursuivi ce travail en y ajoutant des éléments créés lors d'une résidence à Panache art actuel (Musée Shaputuan, Uashat, Côte-Nord) et au cours de son exposition solo au Centre d'exposition de Val-David (Laurentides).
En 2016-2017, FerlandL a poursuivi ce travail en y ajoutant des éléments créés lors d'une résidence à Panache art actuel (Musée Shaputuan, Uashat, Côte-Nord) et au cours de son exposition solo au Centre d'exposition de Val-David (Laurentides).
Onde de Choc
Commentaires de l’artiste, Suzanne FerlandL, concernant chacun des éléments composant l’installation
lors de l’Open Studio du 9 décembre 2015 à Tapiola, Finlande.
(texte français suivi du texte anglais/ English below)
L’ensemble de l’installation est une écriture dans l’espace. De la forêt au papier, de la roche au graphite. Une écriture sur un sujet délicat, souffrant, tabou, universel : «Le suicide est un phénomène qui n’épargne aucune culture, aucun âge, aucune condition sociale et aucun sexe : qu’y-a-t-il de plus universel et pourtant de plus occulte que le suicide?» (Florian Pennanech). Tabou social qu’il faut taire et esquiver davantage encore que la mort, croit-on à tort, ce que je dénonce par mes actions et mon travail.
Installation :
Au centre de l’espace studio, un rocher lourd d’apparences flotte à un demi-mètre du sol. Le rocher, issu de collage de papier sur une forme de broches et recouvert de graphite, permet de traiter du vide (caverne) et du plein (masse rocheuse). Le vide dans lequel s’est reclus le suicidé, le vide que vit l’endeuillée. Le plein de secrets et de souffrances inaccessibles du suicidé, amplifié chez l’endeuillée plongée dans la disparition, dans le vide.
La caverne, c’est un refuge. C’est l’isolement. Le rocher, c’est le tabou, le poids de la souffrance du suicidé à laquelle s’est ajoutée celle de l’endeuillée. Le poids que doit supporter la société. Il est soulevé pour pouvoir aborder le tabou du suicide.
Sous le rocher, des silhouettes d’ours. Dans la légende finlandaise, l’ours est l’ancêtre de l’espèce humaine, le double de l’homme, le seigneur de la forêt et même du ciel lorsqu’on pense à la Grande Ourse. L’ours est dualité : agressivité et tendresse. Tendresse tel l’ourson que l’on offre à un enfant, son confident. Mais aussi agressivité, celle de l’animal qui se défend et qui peut attaquer. Ici, les 2190 silhouettes d’ours, ce sont les 2190 suicidés par année en Finlande. Elles reposent sous le rocher, dans son ombre.
Sur le mur principal sont épinglées sept feuilles de papier chinois sur lesquelles a été dessinée au crayon graphite une tranche d’arbre reproduisant cernes et écorce. Chacune des feuilles est espacée pour accentuer l’onde reproduite. Sur ce mur est représentée l’Onde de choc, titre de l’exposition.
Mes visites d’une partie de la Finlande. Sa forêt, ses arbres omniprésents, ses rochers répandus, tous des éléments emblématiques qui m’ont inspirée. J’ai donc choisi de dessiner une tranche de bois pour illustrer l’onde de choc. J’ai laissé un écart entre chaque panneau pour permettre le mouvement et laisser voir les lattes de bois du mur du studio. L’origine des ondes, c’est l’ours en son centre. L’ours formé de petits rouleaux contenant chacun une phrase, une question sur le geste posé demeuré sans réponses. De chaque côté de l’ours, représentées par des moulages de plâtre, 11 familles québécoises et 11 familles finlandaises qui le regardent, qui le questionnent.
Les panneaux ne sont épinglés que du haut. À son passage, le visiteur constate que ceux-ci réagissent en se décollant du mur pour adopter un mouvement ondulatoire. Le visiteur contribue ainsi à l’onde en y ajoutant un mouvement.
Chacun a le pouvoir de modifier l’environnement, de créer un remous par son action, de soulever l’onde, scrutant sous celle-ci plutôt que de ne demeurer qu’en surface. C’est ce que je vise par mon art-action.
Sur le mur d’en face, une photo qui a son origine au début de ma recherche en résidence. Lors de mes promenades, j’ai choisi des pierres pour les sculpter. En déposant une pierre dans un verre, cela a fait référence à l’isolement. Le verre permet de voir la personne, mais celle-ci s’est isolée derrière un mur de protection. Elle ne se confie pas. Le son de sa souffrance ne peut parvenir jusqu’à nous. Son refuge devient prison, devient caverne. C’est une photo qui peut amener d’autres pensées philosophiques, d’autres réflexions aussi valables.
D’ailleurs, j’ai mis en images d’autres pensées, d’autres réflexions, d’autres interrogations face au suicide. J’ai donc réalisé une série de dessins en reprenant toujours les mêmes éléments dans des agencements différents et en y ajoutant une seule couleur, le rouge expression de la dualité de la vie et de la souffrance. J’ai dessiné au lieu d’écrire ce qui n’amène pas de réponses, mais plutôt d’autres questions. Toujours sans réponses, car s’adressant à un mystère impossible de vraiment comprendre.
Sous les dessins, 11 livres pour les 11 familles qui ont accepté de faire un geste, de poser une action soit de s’adresser par écrit à la personne suicidée. Des mots contre des maux, sanoja vasten kipua, titre de l’œuvre. Sur la tranche de chacun des livres, une gravure réalisée en Finlande, celle d’un poisson symbolisant le monde intérieur. Dans le livre, au centre, un vide qui accueille une pierre, une âme humaine. Des pages vierges et d’autres abritant les mots d’une personne endeuillée. Le livre, c’est la pesée du cœur et les mots sont le poids de la douleur qui s’y ajoute, mais des mots qui peuvent aussi soulager. Le combat passe essentiellement par la parole. Dans le Kalevala, «Les paroles magiques ne peuvent demeurer ensevelies dans le sein des rochers, dans la caverne de l’ours». Chez les Égyptiens, le livre des morts est un livre dans lequel chacun écrit des paroles pour aider le défunt à traverser vers l’au-delà. Le livre, la roche cachent encore un secret, mais un secret partagé donc moins lourd à porter. À la recherche d’un mieux vivre.
Sous les livres, des feuilles déployées. 52 feuilles représentant chaque semaine de l’année. Sur chacune, une moyenne de 42 décalques d’ours, 42 vides laissés par chacun des suicidés. 2190 par année en Finlande selon les dernières statistiques. Dans le monde, un suicide aux 40 secondes. Les chiffres ne sont que des chiffres, mais, ici, ce sont des personnes, de grands vides laissés par ces personnes.
Enfin, sur le comptoir, j’expose une autre action réalisée dans l’espace urbain durant mon séjour. J’ai fabriqué 6 boîtes contenant une pierre sculptée d’un visage générique enroulée d’un message en Finnois-Anglais-Français que j’ai déposées en six endroits différents indiqués sur une carte géographique et reproduits en photos. Cette action vise à aider, à faciliter le dialogue sur le suicide. Ouvrir la boîte pour sortir de la caverne. Soulever et donner la pierre pour partager sa douleur. 6 boîtes. 6 endroits choisis en Finlande comme en Belgique et au Québec.
Onde de choc/Shock Wave
Artist’s comments, Suzanne FerlandL, concerning each of the elements composing the installation. Open Studio of December 9th, 2015 in Tapiola, Finland
The whole installation is a writing in space. From the forest to paper, from the rock to graphite. A writing on a delicate, unpopular, taboo but universal subject: " Suicide is a phenomenon which spares no culture, no age, no social condition and no sex: what is more universal and nevertheless more occult than suicide? " (Florian Pennanech). Suicide, a social taboo of which it is necessary to keep in silence and to evade even more than death, as it is wrongly believed, this is what I denounce by my actions and my work.
In the center of the studio, a seemingly heavy rock floats. Its shape stemming from the modeling and collage of paper covered with graphite, enables to deal with emptiness (the cavern) and with fullness (the rock). The emptiness in which the person who committed suicide confined himself, the emptiness left for the grieving ones. The fullness, the great amount of secrets and inaccessible sufferings of the person who committed suicide, amplified in the grieving people plunged into the departure, the disappearance, into emptiness.
The cave is a refuge. It allows for isolation. The rock is the taboo, the weight of the suffering of the person who committed suicide to which is added that of the grieving people. The weight that society has to bear. It is uplifted to approach the taboo of suicide.
Under the rock, silhouettes of bears. In the Finnish legend, the bear is the ancestor of the human race, man’s copy, Lord of the forest. And even of the sky when we think of the Polaris. The bear is duality: aggressiveness and tenderness. Tenderness such as the teddy bear offered to a child which becomes his confidant. But also aggressiveness, that of the animal that defends itself and can attack. Here, 2190 silhouettes of bears, for the 2190 persons who commit suicide each year in Finland. They rest under the rock, in its shadow.
On the main wall are pinned seven sheets of Chinese paper on which was drawn with a pencil a tree slice reproducing the rings and the bark. A space is created between the sheets to accentuate the wave, the Shock wave, title of the exhibition.
My visits of part of Finland. Its forest, its omnipresent trees, its widespread rocks, all Finland’s symbolic elements which inspired me. Thus, I chose to draw a wood slice to illustrate the shock wave. I left a gap between every panel to allow the movement and a visible space of the wooden slats of the studio. At the origin of the waves, is the bear in its center. The bear formed of small rollers containing each a sentence, a question on the act still unanswered. On each side of the bear, represented by plaster moldings, 11 families from Quebec and 11 Finnish families that fix their look on him, that question him.
The panels are pinned only by the top. Passing by, the visitor notices that the panels react by coming loose off the wall, adopting a wave motion. The visitor contributes to the wave by adding a movement. Each one of us has the power to modify the environment, to create a stir by its action, lifting the wave, going under it rather than living on its surface. It is what I aim by my art-action.
On the opposite wall, a photo originating from my early research in residence. During my walks, I picked stones and sculpted them. By depositing a stone in a glass, it made a reference to the isolation of a person. The glass allows to see the person, but this person isolated himself behind a wall of protection. The person does not confide, or entrust. The sound of his suffering cannot reach us. His refuge becomes a prison, becomes a cave. The photo can bring other philosophic thoughts and reflections, also valid.
Moreover, I visualized other thoughts, other reflections, and other questionings on suicide. Thus, I made a series of drawings always by reusing the same elements in different layouts and by adding a single color, red expressing the duality of life and of suffering. I drew instead of writing, which does not bring answers, but rather other questions. Always without answers, because addressing a mystery impossible to really comprehend.
Under the drawings, 11 books for 11 families who agreed to make a gesture, to act by addressing themselves to the person who committed suicide. Des mots contre des maux. Words against pains, sanoja vasten kipua, title of the work. On the edge of each book, an engraving realized in Finland, that of a fish symbolizing the internal world. In the book, at its center, an emptiness that receives a stone, a human soul. Blank pages and others pages sheltering the words of a grieving person. The book is the weight of the heart and the words are the weight of the pain which is added to it, but words which can also relieve. The fight passes essentially by words. In the Kalevala, "Magic words cannot remain buried in the breast of rocks, in the cave of the bear". To Egyptians, the book of the deads is a book in which each one writes words to help the deceased cross over to afterlife. The book and the rock hide another secret, but a shared secret thus less heavy to carry. In search of a better life.
Under the books, sheets of paper which Suzanne is spreading. 52 sheets representing each week of the year. On each, an average of 42 bear traces, 42 emptiness left by each of the person who committed suicide. 2190 a year in Finland according to the last statistics. Worldwide, a suicide every 40 seconds. Figures are only figures, but, here, they are people, the emptiness left by them.
Finally, on the counter, I expose another action realized in the urban space during my stay. I made 6 boxes containing a stone sculpted of a generic face, wrapped in a message in Finnish-English-French. They were left in six different places indicated on a map and reproduced in pictures. This action aims at helping, at facilitating the dialogue on suicide. Open the box to get out of the cave. Lift and give the stone to share the pain. 6 boxes. 6 places chosen in Finland as well as in Belgium and in Quebec.
Suzanne FerlandL
Commentaires de l’artiste, Suzanne FerlandL, concernant chacun des éléments composant l’installation
lors de l’Open Studio du 9 décembre 2015 à Tapiola, Finlande.
(texte français suivi du texte anglais/ English below)
L’ensemble de l’installation est une écriture dans l’espace. De la forêt au papier, de la roche au graphite. Une écriture sur un sujet délicat, souffrant, tabou, universel : «Le suicide est un phénomène qui n’épargne aucune culture, aucun âge, aucune condition sociale et aucun sexe : qu’y-a-t-il de plus universel et pourtant de plus occulte que le suicide?» (Florian Pennanech). Tabou social qu’il faut taire et esquiver davantage encore que la mort, croit-on à tort, ce que je dénonce par mes actions et mon travail.
Installation :
Au centre de l’espace studio, un rocher lourd d’apparences flotte à un demi-mètre du sol. Le rocher, issu de collage de papier sur une forme de broches et recouvert de graphite, permet de traiter du vide (caverne) et du plein (masse rocheuse). Le vide dans lequel s’est reclus le suicidé, le vide que vit l’endeuillée. Le plein de secrets et de souffrances inaccessibles du suicidé, amplifié chez l’endeuillée plongée dans la disparition, dans le vide.
La caverne, c’est un refuge. C’est l’isolement. Le rocher, c’est le tabou, le poids de la souffrance du suicidé à laquelle s’est ajoutée celle de l’endeuillée. Le poids que doit supporter la société. Il est soulevé pour pouvoir aborder le tabou du suicide.
Sous le rocher, des silhouettes d’ours. Dans la légende finlandaise, l’ours est l’ancêtre de l’espèce humaine, le double de l’homme, le seigneur de la forêt et même du ciel lorsqu’on pense à la Grande Ourse. L’ours est dualité : agressivité et tendresse. Tendresse tel l’ourson que l’on offre à un enfant, son confident. Mais aussi agressivité, celle de l’animal qui se défend et qui peut attaquer. Ici, les 2190 silhouettes d’ours, ce sont les 2190 suicidés par année en Finlande. Elles reposent sous le rocher, dans son ombre.
Sur le mur principal sont épinglées sept feuilles de papier chinois sur lesquelles a été dessinée au crayon graphite une tranche d’arbre reproduisant cernes et écorce. Chacune des feuilles est espacée pour accentuer l’onde reproduite. Sur ce mur est représentée l’Onde de choc, titre de l’exposition.
Mes visites d’une partie de la Finlande. Sa forêt, ses arbres omniprésents, ses rochers répandus, tous des éléments emblématiques qui m’ont inspirée. J’ai donc choisi de dessiner une tranche de bois pour illustrer l’onde de choc. J’ai laissé un écart entre chaque panneau pour permettre le mouvement et laisser voir les lattes de bois du mur du studio. L’origine des ondes, c’est l’ours en son centre. L’ours formé de petits rouleaux contenant chacun une phrase, une question sur le geste posé demeuré sans réponses. De chaque côté de l’ours, représentées par des moulages de plâtre, 11 familles québécoises et 11 familles finlandaises qui le regardent, qui le questionnent.
Les panneaux ne sont épinglés que du haut. À son passage, le visiteur constate que ceux-ci réagissent en se décollant du mur pour adopter un mouvement ondulatoire. Le visiteur contribue ainsi à l’onde en y ajoutant un mouvement.
Chacun a le pouvoir de modifier l’environnement, de créer un remous par son action, de soulever l’onde, scrutant sous celle-ci plutôt que de ne demeurer qu’en surface. C’est ce que je vise par mon art-action.
Sur le mur d’en face, une photo qui a son origine au début de ma recherche en résidence. Lors de mes promenades, j’ai choisi des pierres pour les sculpter. En déposant une pierre dans un verre, cela a fait référence à l’isolement. Le verre permet de voir la personne, mais celle-ci s’est isolée derrière un mur de protection. Elle ne se confie pas. Le son de sa souffrance ne peut parvenir jusqu’à nous. Son refuge devient prison, devient caverne. C’est une photo qui peut amener d’autres pensées philosophiques, d’autres réflexions aussi valables.
D’ailleurs, j’ai mis en images d’autres pensées, d’autres réflexions, d’autres interrogations face au suicide. J’ai donc réalisé une série de dessins en reprenant toujours les mêmes éléments dans des agencements différents et en y ajoutant une seule couleur, le rouge expression de la dualité de la vie et de la souffrance. J’ai dessiné au lieu d’écrire ce qui n’amène pas de réponses, mais plutôt d’autres questions. Toujours sans réponses, car s’adressant à un mystère impossible de vraiment comprendre.
Sous les dessins, 11 livres pour les 11 familles qui ont accepté de faire un geste, de poser une action soit de s’adresser par écrit à la personne suicidée. Des mots contre des maux, sanoja vasten kipua, titre de l’œuvre. Sur la tranche de chacun des livres, une gravure réalisée en Finlande, celle d’un poisson symbolisant le monde intérieur. Dans le livre, au centre, un vide qui accueille une pierre, une âme humaine. Des pages vierges et d’autres abritant les mots d’une personne endeuillée. Le livre, c’est la pesée du cœur et les mots sont le poids de la douleur qui s’y ajoute, mais des mots qui peuvent aussi soulager. Le combat passe essentiellement par la parole. Dans le Kalevala, «Les paroles magiques ne peuvent demeurer ensevelies dans le sein des rochers, dans la caverne de l’ours». Chez les Égyptiens, le livre des morts est un livre dans lequel chacun écrit des paroles pour aider le défunt à traverser vers l’au-delà. Le livre, la roche cachent encore un secret, mais un secret partagé donc moins lourd à porter. À la recherche d’un mieux vivre.
Sous les livres, des feuilles déployées. 52 feuilles représentant chaque semaine de l’année. Sur chacune, une moyenne de 42 décalques d’ours, 42 vides laissés par chacun des suicidés. 2190 par année en Finlande selon les dernières statistiques. Dans le monde, un suicide aux 40 secondes. Les chiffres ne sont que des chiffres, mais, ici, ce sont des personnes, de grands vides laissés par ces personnes.
Enfin, sur le comptoir, j’expose une autre action réalisée dans l’espace urbain durant mon séjour. J’ai fabriqué 6 boîtes contenant une pierre sculptée d’un visage générique enroulée d’un message en Finnois-Anglais-Français que j’ai déposées en six endroits différents indiqués sur une carte géographique et reproduits en photos. Cette action vise à aider, à faciliter le dialogue sur le suicide. Ouvrir la boîte pour sortir de la caverne. Soulever et donner la pierre pour partager sa douleur. 6 boîtes. 6 endroits choisis en Finlande comme en Belgique et au Québec.
Onde de choc/Shock Wave
Artist’s comments, Suzanne FerlandL, concerning each of the elements composing the installation. Open Studio of December 9th, 2015 in Tapiola, Finland
The whole installation is a writing in space. From the forest to paper, from the rock to graphite. A writing on a delicate, unpopular, taboo but universal subject: " Suicide is a phenomenon which spares no culture, no age, no social condition and no sex: what is more universal and nevertheless more occult than suicide? " (Florian Pennanech). Suicide, a social taboo of which it is necessary to keep in silence and to evade even more than death, as it is wrongly believed, this is what I denounce by my actions and my work.
In the center of the studio, a seemingly heavy rock floats. Its shape stemming from the modeling and collage of paper covered with graphite, enables to deal with emptiness (the cavern) and with fullness (the rock). The emptiness in which the person who committed suicide confined himself, the emptiness left for the grieving ones. The fullness, the great amount of secrets and inaccessible sufferings of the person who committed suicide, amplified in the grieving people plunged into the departure, the disappearance, into emptiness.
The cave is a refuge. It allows for isolation. The rock is the taboo, the weight of the suffering of the person who committed suicide to which is added that of the grieving people. The weight that society has to bear. It is uplifted to approach the taboo of suicide.
Under the rock, silhouettes of bears. In the Finnish legend, the bear is the ancestor of the human race, man’s copy, Lord of the forest. And even of the sky when we think of the Polaris. The bear is duality: aggressiveness and tenderness. Tenderness such as the teddy bear offered to a child which becomes his confidant. But also aggressiveness, that of the animal that defends itself and can attack. Here, 2190 silhouettes of bears, for the 2190 persons who commit suicide each year in Finland. They rest under the rock, in its shadow.
On the main wall are pinned seven sheets of Chinese paper on which was drawn with a pencil a tree slice reproducing the rings and the bark. A space is created between the sheets to accentuate the wave, the Shock wave, title of the exhibition.
My visits of part of Finland. Its forest, its omnipresent trees, its widespread rocks, all Finland’s symbolic elements which inspired me. Thus, I chose to draw a wood slice to illustrate the shock wave. I left a gap between every panel to allow the movement and a visible space of the wooden slats of the studio. At the origin of the waves, is the bear in its center. The bear formed of small rollers containing each a sentence, a question on the act still unanswered. On each side of the bear, represented by plaster moldings, 11 families from Quebec and 11 Finnish families that fix their look on him, that question him.
The panels are pinned only by the top. Passing by, the visitor notices that the panels react by coming loose off the wall, adopting a wave motion. The visitor contributes to the wave by adding a movement. Each one of us has the power to modify the environment, to create a stir by its action, lifting the wave, going under it rather than living on its surface. It is what I aim by my art-action.
On the opposite wall, a photo originating from my early research in residence. During my walks, I picked stones and sculpted them. By depositing a stone in a glass, it made a reference to the isolation of a person. The glass allows to see the person, but this person isolated himself behind a wall of protection. The person does not confide, or entrust. The sound of his suffering cannot reach us. His refuge becomes a prison, becomes a cave. The photo can bring other philosophic thoughts and reflections, also valid.
Moreover, I visualized other thoughts, other reflections, and other questionings on suicide. Thus, I made a series of drawings always by reusing the same elements in different layouts and by adding a single color, red expressing the duality of life and of suffering. I drew instead of writing, which does not bring answers, but rather other questions. Always without answers, because addressing a mystery impossible to really comprehend.
Under the drawings, 11 books for 11 families who agreed to make a gesture, to act by addressing themselves to the person who committed suicide. Des mots contre des maux. Words against pains, sanoja vasten kipua, title of the work. On the edge of each book, an engraving realized in Finland, that of a fish symbolizing the internal world. In the book, at its center, an emptiness that receives a stone, a human soul. Blank pages and others pages sheltering the words of a grieving person. The book is the weight of the heart and the words are the weight of the pain which is added to it, but words which can also relieve. The fight passes essentially by words. In the Kalevala, "Magic words cannot remain buried in the breast of rocks, in the cave of the bear". To Egyptians, the book of the deads is a book in which each one writes words to help the deceased cross over to afterlife. The book and the rock hide another secret, but a shared secret thus less heavy to carry. In search of a better life.
Under the books, sheets of paper which Suzanne is spreading. 52 sheets representing each week of the year. On each, an average of 42 bear traces, 42 emptiness left by each of the person who committed suicide. 2190 a year in Finland according to the last statistics. Worldwide, a suicide every 40 seconds. Figures are only figures, but, here, they are people, the emptiness left by them.
Finally, on the counter, I expose another action realized in the urban space during my stay. I made 6 boxes containing a stone sculpted of a generic face, wrapped in a message in Finnish-English-French. They were left in six different places indicated on a map and reproduced in pictures. This action aims at helping, at facilitating the dialogue on suicide. Open the box to get out of the cave. Lift and give the stone to share the pain. 6 boxes. 6 places chosen in Finland as well as in Belgium and in Quebec.
Suzanne FerlandL